Expo « Herbes folles » de René Weling (08/10 – 30/10/2022)

Pour bien commencer l’automne “Herbes folles” de René Weling, peintre, graveur, véritable orfèvre de la lumière vous propose un voyage dans son œuvre… Ancien élève de Saint Luc et de l’Académie des Beaux-arts, créateur, chercheur, inventeur de techniques totalement personnelles, René nous offre son regard singulier sur la nature ; rythmes, cycles répétitifs, changements permanents, le vivant nait et renait sans cesse, toujours aussi sensiblement différent et toujours aussi sensiblement pareil… La beauté jaillit d’un brin d’herbe, entre le ténu et vaste, entre l’éphémère et le pérenne.

Calligraphie d’herbes folles

par Colette Decuyper
18 septembre 2022
à l’occasion de l’exposition de René Weling à la Galerie du Livre et de l’étrange Théâtre

le long des sentiers

le long des rives

le long de la vie

ce qu’il cherche est précieux, comme une langue inconnue pétrie de voyelles, comme un parfum de menthe ou le friselis du persil

il détaille le monde de l’herbe

il dégrafe un foisonnement de lichens, de graminées et de feuillages

il tourmente la magie des formes

c’est à une calligraphie végétale qu’il nous convie 

ce qu’il maraude,

c’est tout ce qui frémit dans la ramure et la broussaille du chemin

il ramasse des dés, il jette des cartes

il déroule le rejeton farouche entre le naître et le mourir, le double mouvement d’un déséquilibre essentiel

il faut goûter ses chevauchées au-delà des frondaisons, au-delà des mousses et des silences

maille à maille

il tricote un paradis d’encres et de couleurs

le langage serait trop clair

il faut se noyer dans l’haleine bleue des herbes

la cascade est aquatique

du fatras seul naît la lumière, de la faille seule naît la réserve du vivant

tige à tige

il échafaude une cathédrale de sortilèges et de touffeurs

il glane il trace il creuse

c’est une géographie qui surgit, un labyrinthe de lignes tendres, fluides et folles, posées comme un sable qui jouirait de son sablier

son outil est une marelle, un archipel qui se bouscule dans une double voie, 

son outil est une grammaire, celle des planètes parallèles, celle des symétries feintes et des épines du laisser-faire et du prendre-prise, jusqu’au presque rien, la trace d’un souffle, jusqu’à l’ouragan, ourlé de ténèbres

il faut rêver de bancs et de barques vertes

il faut descendre très lentement vers ces ombres noires d’arbres et de grains

l’hiver vient

et le regard doux des baies emmitouflées de sel

l’hiver vient,

et la splendeur de ses nuits lentes comme des pommes

toute vie est provisoire

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